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130124 Entreprendre à Paris et San Francisco

PME Finance à San Francisco

Entreprendre à Paris et San Francisco

Jeudi 24 janvier 2013

Toutes les quatre à six semaines, le chapitre californien de PME Finance créé notamment par Frédéric Tardy organise une conférence simultanée à Paris et San Francisco. Un entrepreneur français qui s'est implanté à Silicon Valley vient partager avec ses pairs en France les bonnes pratiques qu'il a apprises, souvent à ses dépens. Pour la première de ces visio-conférences, Eric Didier, ingénieur diplômé de l'Ensam, CEO d'iVidence, ancien DG de Viadeo et ancien président-fondateur de Soamai, est venu partager son expérience sans fard ni langue de bois. Il venait répondre à quatre questions:
•  Paris ou San Francisco: quels arbitrages?
•  Comment gérer la relation avec des investisseurs américains?
•  Quels modèles d'affaires émergent-ils?
•  Quelles précautions prendre avant de s'étendre outre-Atlantique?

San Francisco accueille environ une centaine de nouveaux entrepreneurs français par mois, et constitue le premier choix d’implantation pour ces derniers. Elle concentre également la majorité des fonds de capital-risque. Selon Eric Didier, la première question essentielle à se poser, avant même d’implanter sa structure aux Etats-Unis, c’est de savoir: quel est son écosystème ? (Clients, sources de financement, « exits » ou sorties possibles, etc.). Dès lors, quel serait le terreau idéal pour faire grandir (ou cultiver) l’activité spécifique de son entreprise ? Pour iVidence, start-up de publicité comportementale sur e-mail, l'implantation semblait tout à fait naturelle. Son expérience de multi-entrepreneur du numérique l’incite à penser que le monde de la publicité et celui de la technologie nécessitent quasi-obligatoirement une implantation aux Etats-Unis.
Si les Etats-Unis s’avère être le lieu adéquat pour ce développement, il est ensuite primordial de prendre en considération les différences culturelles entre la France et les Etats-Unis pour y faire émerger son activité. La confiance des partenaires procède en effet de valeurs communes partagées. Pour réussir ce défi, le plus important selon Eric Didier est paradoxalement de fréquenter le plus de Français possible dès son arrivée. Cette démarche offre en effet le double avantage de mieux repérer les différences culturelles entre la France et les USA.

Recrutements

En effet, recruter des partenaires et des salariés américains est un exercice particulièrement difficile. Aux Etats-Unis, se vendre est en effet un art que chaque citoyen maîtrise parfaitement, ce qui peut masquer le manque de compétences aux yeux d'un Français. Pour Eric Didier, un consultant en recrutement américain constitue une aide indispensable dès le départ.
En revanche, il convient de se méfier de la multitude de consultants privés qui viennent démarcher le nouvel arrivé. Dans un premier temps, il convient de se créserver pour le reste aux organismes officiels dont les coûts sont nettement moins élevés: l'avantage du service public à la française...
Eric Didier revient également à plusieurs reprises sur la question du visa, très difficile à obtenir, et de la machine administrative dont les rouages sont susceptibles de mettre en grande difficulté un chef d’entreprise étranger. Concernant la carte verte, elle nécessite une déclaration fiscale annuelle obligatoire et comporte des risques fiscaux à étudier soigneusement.

Financements

Sur la question des financements, il apparaît extrêmement difficile de lever des fonds si la société n’est pas américaine. Autre contrainte, il n’existe pas de leveur de fonds en-deçà de 20 millions de dollars. Enfin, le professionnalisme des VCs américains est incomparablement supérieur, à entendre Eric Didier, à ceux de leurs émules françaises. Un bon « VC » américain est important car il apporte également un network très important, contrairement au « VC » français qui n’est pas un entrepreneur mais un financier dont les investissements très variés ne lui permettent pas de saisir les enjeux spécifiques à une activité particulière.
Pour Eric Didier, réussir aux Etats-Unis demande environ 2 à 3 ans de travail et d’investissement dans des salaires élevés – inutile de partir si l'entrepreneur n'est pas prêt à s'installer soi-même et nivestir plusieurs millions de dollars. Les trois questions essentielles pour savoir si nous sommes prêts à partir :

  1. est-ce que je le veux ?
  2. est-ce que je le peux ?
  3. est-ce que ça le vaut ?

En conclusion, entreprendre à San Francisco ou à Paris dépend essentiellement de l’adéquation entre un projet et la localisation géographique de l’écosystème auquel il appartient. Il faut noter à ce titre la récente floraison de start-ups à Kansas City, où Google a déployé l'accès Internet par la fibre. Un espoir pour les entrepreneurs français effrayés par les coûts californiens. Ou un exemple pour les pouvoirs publics dans l'Hexagone...

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