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AEFE résumé grands groupes et PME

 

Assises Européenne du Financement des PME

     Lundi 24 juin 2014 - Centre de conférences Pierre-Mendès-France

 

Grands groupes et PME : chasser en meute ?*

A l’heure de la croissance zéro, de la raréfaction du crédit bancaire, des incertitudes boursières, du maquis de la réglementation, les PME ont plus que jamais besoin d’appui. Quoi de plus naturel que de le chercher auprès des grands groupes, ceux qui dominent le marché, fabriquent les normes, influencent les prix et se confrontent à la concurrence internationale. Mais comment passer d’une culture de concurrence, voire de domination, à une culture de partenariat ?

Sous la présidence de Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, c’est ce dont ont débattu des entrepreneurs comme Xavier Niel (vice-président fondateur du groupe de télécom Iliad), Yoram Moyal (co-fondateur de Buzcard, cartes de visites intelligentes) ou Gilles Betthaeuser (PDG d’AOS Studley, conseil en immobilier d’entreprise) et des représentants d’associations professionnelles comme Gunilla Almgren (présidente de l’association européenne de l’artisanat et des PME), Agnès Lépinay (présidente de la commission financière de Business Europe) ou Henri Lachman (vice-président fondateur du « pacte PME »).

 

« Small is beautifull » versus « une si grande solitude »

L’intérêt des nouvelles technologies, souligne X.Niel, c’est que l’on a un faible besoin de fonds propres et que l’on a une pleine capacité d’innovation car l’on ne peut exister que si l’on ne reproduit pas ce que font les grands groupes. Pour peu qu'on les intéresse aux résultats où qu'on leur offre une participation au capital, on a également une forte capacité à motiver les équipes. Revers de la médaille : surmonter la suspicion qui entoure l’inventeur, la difficulté de convaincre un grand groupe et la lenteur pour y parvenir (Y. Moyal) et puis, en période de crise, l'allongement des délais de paiements (G. Betthaeuser). Fleur Pellerin acquiesse et rêve des délais suédois : moins de 30 jours !

Que dire aussi des tracasseries administratives comme celle d’un contrôle URSSAF pour une start up de moins de trois mois ! (X. Niel). Pour financer son développement, la voie est étroite puisque le secteur bancaire se désengage (voir session banques) et que seulement 5% des PME peuvent accéder au capital risque (voir session capital-risque). Alors, qui prendra le risque de prêter aux PME ? (G. Almgren).

 

L’engagement public

Il faut à l’évidence un appui du secteur public pour organiser une solidarité entre PME et grands groupes. Fleur Pellerin insiste sur l’importance de la stratégie de filières, à l’instar de ce qui se fait dans l’aéronautique, qui permet la diffusion des comportements vertueux. Elle évoque les pôles de compétitivité, véritables usines à projets et pourvoyeurs de réseaux export. La ministre annonce également son plan pour l’innovation avant juillet qui prévoira notamment des émissions obligataires communes, ainsi que du « corporate venture » pour inciter les grandes entreprises à prendre des participations dans les PME.

Côté européen, Business Europe appelle de ses vœux la réalisation de l’Union bancaire qui permettra de réduire la fragmentation du marché des capitaux (et sa principale traduction: la disparité des taux) et d’assouplir les contraintes de réglementation financière. L’apparition d’agences de notations spécialisées serait également de nature à fluidifier les financements (A. Lépinay). Bien sûr, pas question d’oublier l’action essentielle du Fonds Européen d’Investissement (FEI) dont le montant net total des engagements de capital-investissement s’établissait à la fin 2012 à plus de 6,5 milliards d’€ à travers plus de 400 fonds.

 

L’engagement privé

Mais, au delà des grandes initiatives de politiques publiques, quel meilleur vecteur incitatif au rapprochement PME/grands groupe que l’initiative privée elle-même ? Henri Lachmann, ancien président de surveillance de Schneider Electric est bien placé pour le savoir, lui qui est à l’origine de l’association « Pacte PME ». Une des solutions au "déficit du collectif", en France notamment, alors que le « Small business act » européen commence seulement à produire ses effets. Entre PME et grands groupes, il peut y avoir des frontières sémantiques, celles qu’il faut franchir pour passer de la relation donneur d’ordre/sous-traitant à celle, potentiellement pré-partenariale, de client/fournisseur.

Le « Pacte PME » - 54 grands comptes, 21 organisations professionnelles, 21 pôles de compétitivité – va en tout cas au charbon et fait en sorte de développer les échanges d’info PME/grandes entreprises, les achats partenariaux, la mutualisation des fournisseurs entre plusieurs grands groupes ou la mise à disposition des jeunes pousses d’apprentis et de coach. Henri Lachmann appelle de ses vœux un « Pacte PME » européen.

Les panelistes, notamment européens, approuvent l’idée. 

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* Résumé préparé par Daniel Vigneron, directeur de la publication de Myeurop.info