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AEFE résumé financement désintermédié

 

Assises Européenne du Financement des PME

     Lundi 24 juin 2014 - Centre de conférences Pierre-Mendès-France

 

PME et marchés : l’avenir est encore loin*

Le financement très majoritaire des PME par l’emprunt n’est pas satisfaisant : il obère l’avenir et stresse l’entrepreneur, freinant ainsi le développement de l’entreprise et la création d’emplois. Le recours aux marchés d’actions et d’obligations offre une flexibilité incomparable, une profondeur et une perspective à long terme. Mais les marchés sont peu accessibles aux PME européennes qui n’y trouvent que 1% de leurs financements. Malgré l’existence depuis 18 ans de l’Alternative Investment Market (AIM) du London Stock Exchange (LSEG) et les promesses de EnterNext, la place de marché des PME-ETI européennes de NYSE Euronext.

Sous la présidence de Steven Maijoor, président de l’European Securities and Markets Authority (ESMA), le sujet a été débattu entre représentants des deux grands groupes boursiers, Dominique Cerutti (directeur général adjoint de NYSE Euronext) et Serge Harry (conseiller du directeur général du LSEG) et ceux des fonds de capital-risque et de prêts participatifs, Denis Lucquin (président de Sofinnova Partners) et l’ancien président du groupe BPCE Philippe Dupont (président d’Isodev)

 

Un financement qui reste marginal

23 millions de PME en Europe mais 3.000 qui sont venues depuis 1995, (avec une capitalisation moyenne de 22 millions d’€) sur l’AIM (LSEG), marché le plus liquide dédié au financement des PME européennes et leader mondial des bourses de croissance. Cela donne la mesure du gap à franchir pour que les marchés soient un pourvoyeur significatif de ressources pour les start up. Ne rêvons pas forcément d’un Nasdaq européen, le Nasdaq finance surtout les très grosses PME et guère les entreprises de 10/15 millions de CA (S. Harry). Les PME, qui représentent 80% des créations d’emplois en Europe, se financent à 92% par les banques, à 7% par le private equity et à 1 % par les marchés (D. Cerutti).

Pour les start up technologiques, l’évolution est même très préoccupante : 80% du produit des désinvestissements provenait des ventes d’actions entre 1990 et 2001, un chiffre tombé à seulement 30% entre 2007 et 2012, tandis que les ventes directes d’entreprises représentent désormais 70% de ce produit. Des marchés de moins en moins efficients donc, peut-être, paradoxalement, parce que la réglementation boursière n’est plus assez exigeante pour les « tech » (propriété industrielle, essais cliniques…) qui trouvaient plus de financements sur un marché réglementé comme le LSEG au début des années 90 (D. Lucquin).

 

Des barrières à l’entrée

En fait, on n’a pas encore trouvé le bon équilibre entre protection des investisseurs et meilleur accès pour les émetteurs, encore que l’on pourrait favoriser cet accès sans mettre en danger la sécurité. Mais il y a aussi la question de l’attitude des petits entrepreneurs face aux marchés, ils doivent s’habituer au partage de décision avec les investisseurs et au reporting régulier. enfin, l'Europe manque de petits investisseurs sur les marchés d’actions alors qu’aux Etats-Unis, en 30 ans, ils sont passés de 45 à 66% du total. Or, les petits investisseurs se focalisent davantage sur les PME (S. Maijoor).

Les obstacles restent nombreux pour les PME car l’épargne se dirige naturellement vers des produits sûrs et liquides. Il faut une vraie connaissance des produits et des risques PME. Côté entrepreneur, il y a la crainte de la transparence, la peur de perdre le contrôle et l’inconnue que représente une structuration différente de la stratégie qu’exige le marché. Va-t-on par ailleurs continuer à taxer à ce niveau le capital et les plus values de cession ? Enfin, le coût d’une introduction est lourd : 7,6% de frais pour lever 10 millions ! Des frais qui ne viennent pas de la bourse, mais de l’eco-système très fragmenté en matière de conseil (D. Cerutti)

 

Un développement impératif et inéluctable

On est à la veille d’une nouvelle révolution financière. Dans cinq ans, les 92% de financements bancaires qui représentent 200 milliards d’€ vont tomber à 50/60% à cause de Bâle III (voir fiche n°2). Il va falloir trouver 65 milliards de financements alternatifs. Ne rêvons pas, c’est ce que lèvent actuellement les marchés américains pour les PME ! Donc, il faut mettre des financements structurés à la disposition des TPE (cf le mécanisme de mezzanine chez Isodev qui vient de signer un accord de garantie avec le FEI concernant 140 millions d'€ de prêts participatifs) et surtout jouer sur la complémentarité de tous les canaux de financement : institutionnels, banquiers, initiatives BEI et bpifrance, equity, actions, obligations, fonds communs de titrisation. (P. Dupont).

Il faut aussi un environnement général plus propice, comme celui que procurent les système de financement de l’épargne par la retraite (S.Maijoor). Enfin, compte tenu du coût des introductions, les entreprises devraient planifier dès le départ leurs futures émissions. (S.Harry)

 

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* Résumé préparé par Daniel Vigneron, directeur de la publication de Myeurop.info