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AEFE résumé capital-risque

 

Assises Européenne du Financement des PME

     Lundi 24 juin 2014 - Centre de conférences Pierre-Mendès-France

 

PME et capital-risque: où sont les fonds ?*

Malgré l’action du FEI qui, fin 2012, détenait un montant net d’engagement de capital investissement de 6,5 milliards d’euros à travers plus de 400 fonds, le private equity est très loin de tenir un rôle déterminant dans le financement du développement des PME européennes. En 2012, les fonds d’investissements européens ont investi 37 milliards d’€ contre 73 milliards en 2007. Et 23,6 milliards d’€ ont été levés l’an dernier par les sociétés de capital investissement, soit un recul de 43% par rapport à 2011.  En France, ces levées ont atteint 5 milliards d’euros en 2012 (- 22%).

Présidée par Richard Pelly, directeur général du Fonds Européen d’Investissement (FEI), cette session met en présence, face au représentant d’une banque publique, Paul-François Fournier (bpifrance), des gérants de fonds européens : Christoph Braun (associé-gérant d’Action Capital Partners GmbH), Diana Saraceni (associée gérante de 360° Capital Partners) et Sara Wallin (directrice générale d’Almi Företagspartner Väst AB).

 

L’Europe au creux de la vague

Depuis six ans, l’activité des fonds de capital-risque a singulièrement décru, tant du point de vue des investissements dans les start up, que des capitaux levés par les fonds. L’Europe est au creux du cycle, même si l’on constate un changement de qualité tant au niveau des entrepreneurs que des investisseurs. Le FEI conduit une action contra-cyclique et a pu fournir aux fonds européens quelques 1,3 milliard d’€ entre 2008 et 2012 (R. Pelly). L’Europe reste néanmoins un ensemble fragmenté en 27 marchés et les conditions diffèrent nettement d’un pays à l’autre.

Ainsi, la Scandinavie - la Suède en particulier – a pu maintenir une activité importante en private equity pour la raison essentielle qu’il règne dans ces pays un climat très propice aux start up et un esprit entrepreneurial marqué (S. Wallin). En Allemagne, le capital-risque est parti d’un niveau très bas au début des années 2000 et s’est développé avec le recyclage dans cette activité nouvelle de nombreux "Investment Bankers". Mais il y a clairement un manque de capital pour la phase développement, entre 2 et 10 millions d’€ (C. Braun). L’Italie souffre quant à elle d’un terrible manque de liquidité du fait, notamment, des nouvelles règles prudentielles. Si les tous petits « tickets » sont encore mobilisables, l’assèchement est très prononcé autour de 5 millions d’€ (D. Saraceni). Réalité comparable en France où le « early stage » est plutôt florissant, mais où le passage de la TPE à la PME peine à être financé. Ce qui constitue un lourd handicap pour les activités capitalistiques comme les biotech (B. Gilly). Par rapport à 2007, les dix principaux fonds français ont divisé par deux leur capitalisation moyenne (de 120 à 60 millions d’€) tandis que la part des participations  publiques au capital des PME est passée de 15 à 45% ! (P.F. Fournier).

 

Comment ranimer l’activité ?

Certes, l’argent public ne peut suffire. Mais s’il peut tuer à long terme, il sauve à court terme. Il est important de pouvoir bénéficier d’un effet de levier lorsque l’on sait que les business angels ont levé l’an dernier 3,5 milliards d’€ et que ces montants peuvent être doublés ou triplés par l’action des institutions publiques comme le FEI ou bpifrance (R. Pelly). Attention, l’argent public ne doit pas être un « sweet poison ». En France, les FCPI attirent des investisseurs à coup de déductions fiscales, mais fait-on venir avec ce système des investisseurs réellement intéressés par une classe d’actifs et qui apporteront leur expertise (C. Braun) ? Reste que l’Europe et ses marchés fragmentés est un lieu étrange pour investir et sans l’aide du public, « on est mort » (B. Gilly).

Quels pourraient être les facteurs du succès ? Financer les entités dont la taille réduite incite à une gestion prudente, ce qui est aussi une façon, pour les fonds, de répartir les risques. Il s’agit aussi de pouvoir sortir du capital d'une entreprise, ce qui est dur lorsque l’on a investi un milliard d’€ (C. Braun) ! A moyen terme, il faut des législations sociales mieux adaptées aux start up et, à long terme, revoir le système éducatif pour opérer un changement culturel en faveur de la prise de risque et de l'investissement (D. Saraceni). De fait, l’esprit d’innovation doit s’approfondir et dépasser l’aspect technologique pour s’intéresser aux aspects organisationnels et au design. Il faut également en finir avec la complexité et surtout la discontinuité de la réglementation, car le développement d’une entreprise se fait en 5 à 10 ans (P.F. Fournier). 

 

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* Résumé préparé par Daniel Vigneron, directeur de la publication de Myeurop.info