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130124 Entreprendre à Paris et San Francisco

Entreprendre à Paris et San Francisco

Le 24 janvier 2013

Dans le cadre de la visio-conférence « Entreprendre à Paris et San Francisco », Eric Didier a partagé son expérience chevronnée en la matière en répondant aux questions des entrepreneurs et investisseurs présents lors de la rencontre.

Eric Didier, Ingénieur diplômé de l'Ensam, CEO d'iVidence, ancien DG de Viadeo et ancien président-fondateur de Soamai a créé et développé à Paris sa première start-up, Soamai, revendue avec succès en 2004 à un groupe américain, ASG Software Solutions, dont il deviendra vice-président jusqu'en 2006. Il prend alors en charge le développement international de Viadeo avant de monter à nouveau une société, iVidence - à San Francisco.

Ce rendez-vous, proposé tous les mois par l'antenne de PME Finance à San Francisco, inaugure ainsi les questions centrales de ces visio-conférences avec un entrepreneur français de la Silicon Valley:
•  Paris ou San Francisco: quels arbitrages?
•  Comment gérer la relation avec des investisseurs américains?
•  Quels modèles d'affaires émergent-ils?
•  Quelles précautions prendre avant de s'étendre outre-Atlantique?

L'objectif est de fournir aux entrepreneurs une information précise et concrète sur une des facettes du financement de leur entreprise.

Pour Eric Didier, la première question essentielle à se poser avant d’implanter sa structure aux Etats-Unis c’est de savoir quel est son écosystème ? (Clients, sources de financement, « exits » ou sorties possibles, etc.). Dès lors, quel serait le terreau idéal pour faire grandir (ou cultiver) l’activité spécifique de son entreprise ?

Pour iVidence, start-up de publicité comportementale sur e-mail, une implantation semblait tout à fait naturelle. Son expérience de multi-entrepreneur du numérique  l’incite à penser que le monde de la publicité et celui de la technologie nécessitent quasi-obligatoirement une implantation aux Etats-Unis.

Si les Etats-Unis s’avère être le lieu adéquat pour ce développement, il est ensuite primordial de prendre en considération les différences culturelles entre la France et les Etats-Unis pour y faire émerger son activité. La confiance des partenaires procède en effet de valeurs communes partagées.

Pour réussir ce défi, le plus important selon Eric Didier est paradoxalement de fréquenter le plus de français possibles dès son arrivée ! Cette démarche offre en effet le double avantage de mieux repérer les différences culturelles France/USA, et surtout de trouver des paires. La première étape essentielle pour tout nouvel arrivant est donc de networker entre français pour s’ouvrir ensuite aux américains.

En ce sens, recruter soi-même des partenaires américains est un exercice particulièrement difficile et peu fructueux. Aux Etats-Unis, se vendre est en effet un art que chaque citoyen maîtrise parfaitement, qui peut laisser pour nous, français, certaines incompétences dans l’ombre. Pour Eric Didier, un recruteur américain apparaît donc indispensable dès le départ.

Selon Eric Didier, San Francisco est une des villes au monde où les choses bougent le plus vite. Les activités qui y sont développées diffèrent entre le Nord, le Sud et la Silicon Valley. C’est un patchwork passionnant où les plus grandes capitalisations boursières résident (Facebook, Microsoft, Google, etc.) San Francisco accueille environ une centaine de nouveaux entrepreneurs français par mois, et constitue le premier choix d’implantation pour ces derniers. Elle concentre également la majorité des fonds avec New York et Boston respectivement.

On peut noter à ce titre une récente croissance des start-ups à Kansas City qui pourrait créer un changement d’écosystème très rapidement.

Sur la question des financements, il apparaît extrêmement difficile de lever des fonds si la société n’est pas américaine. Autre contrainte, il n’existe pas de leveur de fonds en-deçà de 20 millions de dollars. Pour Eric Didier, le professionnalisme des américains au cours de ses tours de financement est néanmoins incomparable à celui de ses interlocuteurs français, stagiaire la plupart du temps. Il apparaît également fructueux de s’adresser dans un premier temps à des organismes officiels dont les coûts sont moins élevés.

 Un bon « VC » américain est important car il apporte également un network très important, contrairement au « VC » français qui n’est pas un entrepreneur mais un financier dont les investissements très variés ne lui permettent pas de saisir les enjeux spécifiques à une activité particulière.

Eric Didier revient également à plusieurs reprises sur la question du visa, très difficile à obtenir, et de la machine administrative dont les rouages sont susceptibles de mettre en grande difficulté un chef d’entreprise étranger. Concernant la carte verte, elle nécessite une déclaration fiscale annuelle obligatoire, ainsi que le paiement d’impôts aux Etats-Unis sur l’activité développée sur son territoire.

Pour Eric Didier, réussir aux Etats-Unis demande environ 2 à 3 ans de travail et d’investissement dans des salaires élevés. Selon lui, il serait essentiel de se poser trois questions pour savoir si nous sommes prêts à partir :

1- est-ce que je le veux ?
2- est-ce que je le peux ?
3- est-ce que ça le vaut ?

En conclusion, entreprendre à San Francisco ou à Paris dépend essentiellement de l’adéquation entre un projet et la localisation géographique de l’écosystème auquel il appartient.


Magali Boudissa