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Réformer, enfin

Réformer, enfin

13.09.2015

Annoncé aujourd’hui, le rapprochement de PME Finance et Croissance Plus revêt un sens précis : faire entendre la voix des entrepreneurs dans le débat présidentiel qui s’annonce. Atomisés en de multiples associations, ils miaulent alors que les grands partenaires sociaux rugissent. Or, c’est par les entrepreneurs que la France pourra se remettre en marche. Le rassemblement de l’écosystème, dont nous donnons l’exemple, permettra aux entrepreneurs d’élaborer les réformes nécessaires, puis de les mettre en avant. En devenant le think tank Financement de Croissance Plus, PME Finance s’attachera ainsi à remettre la finance au service des entrepreneurs. 

Qu’on ne s’y trompe pas : dans la désintermédiation du financement des entrepreneurs, les groupes financiers, et particulièrement les banques, ont un rôle crucial à jouer. Mais elles devront sans doute quitter leurs habits anciens, abandonner leurs modèles transactionnels, s’orienter vers le conseil. La réglementation doit les y aider : un groupe financier qui réfléchit à adopter Blockchain et partage ses réflexions est utile à ses clients entrepreneurs.

Nous croyons nécessaire de reprendre l’appel de Philippe Tibi dans ces colonnes : pour être efficace en France, le capital-risque doit changer d’échelle. Aujourd’hui la France n’est plus que le troisième marché européen et les opérations y sont plus petites qu’ailleurs. Au premier semestre, un investissement en capital-risque sur 5 a eu lieu dans l’Hexagone, pour seulement 13 % des montants levés par les start-up européennes, contre 25% en Allemagne et 27% en Grande-Bretagne. C’est aujourd’hui le système financier tout entier qui est menacé, à terme : non par la TTF, mais par l’avancée des technologies. Il faut concevoir une réforme d’importance macro-économique, qui orientera vers l’innovation une part de l’épargne française beaucoup plus considérable qu’elle ne l’est aujourd’hui. 

Plusieurs pistes, déjà, s’offrent à nous.  La Bourse des PME a un rôle crucial à jouer : celui d’offrir une sortie aux investisseurs non cotés, et donc dynamiser toute la chaîne de l’investissement en capital. Il suffirait de relancer le PEA-PME pour lui donner la liquidité nécessaire en France. Et, dans le cadre de l’Union des marchés de capitaux, une initiative européenne peut être prise pour donner enfin une visibilité mondiale aux PME cotées en Europe. Nous demandons la création d’une Agence Européenne de la Recherche Financière, dotée des moyens nécessaires pour que la cotation accélère par elle-même la croissance internationale des entreprises.  

Pour ce qui est du non coté, le capital-transmission bénéficie à plein des liquidités libérées par la Banque Centrale Européenne. Couplé à un mécanisme incitatif comme le Crédit d’Impôt Numérique, il peut jouer un rôle crucial dans la transformation numérique et l’internationalisation des PME, à condition de prendre en compte les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance qui donnent au LBO une réalité économique, et non purement financière.

Cela n’est pas et ne peut pas être le cas du capital-développement et du capital-innovation. Ici, la réforme des avantages fiscaux, rendue nécessaire par l’évolution de la législation européenne, peut jouer un rôle d’importance. La création d’un Compte Epargne Entrepreneurs, doublé si nécessaire d’un Compte Epargne Innovation, permettra de simplifier pour les épargnants la gestion de leurs participations, créant ainsi un instrument qui libérera le crowdfunding, dynamisera l’amorçage et consolidera les entreprises dans leurs premières phases.

Jean Rognetta - PME Finance